s'abonner
Une recherche du WSL, avec la collaboration de Małgorzata Chmiel, chercheuse post-doctorale à Géoazur, a révélé que les glissements de terrain et les chutes de roches pourraient engendrer des séismes en créant des lacs de retenue. Les résultats de cette recherche viennent d'être publiés dans Nature Communication.
Il est reconnu que les séismes peuvent déclencher divers phénomènes naturels à la surface de la Terre. Toutefois, la possibilité que ces événements puissent également se dérouler de manière inverse n'avait pas été étudiée jusqu'à présent. Dans une nouvelle recherche menée conjointement par l'Institut Fédéral pour l'Étude de la Forêt, de la Neige et du Paysage (WSL), il a été découvert que les barrages naturels formés par les glissements de terrain et les chutes de pierres peuvent occasionner des séismes. Cette découverte joue un rôle crucial dans le contrôle des risques liés aux séismes.
Les séismes sont susceptibles d'induire des glissements de terrain ou des chutes de roches, qui, en bloquant les cours d'eau, peuvent conduire à la formation de lacs. Bien que ce schéma d'événements soit largement documenté, la récente étude dirigée par le WSL et publiée dans Nature Communications révèle que le processus inverse est également possible. Pour la première fois, les scientifiques ont démontré que les séismes peuvent résulter d'une série de phénomènes naturels en surface.
En 2018, le Plateau Tibétain a été le témoin d'un glissement de terrain exceptionnel près du village de Baige, libérant 25 millions de mètres cubes de terre, l'équivalent de 10,000 piscines olympiques. Ce glissement a obstrué un cours d'eau, formant un lac artificiel. Zhen Zhang, le principal auteur de l'étude, a observé plus de 60 séismes dans la semaine qui a suivi, un phénomène inhabituel pour cette région qui n'avait connu jusqu'alors que des séismes de faible amplitude. Curieux de comprendre ces phénomènes, en collaboration avec l'Université Chinoise de Hong Kong, il a mené une série d'analyses statistiques et de modélisations avec une équipe internationale. Leurs découvertes ont prouvé que les séismes étaient liés à l'accumulation d'eau dans le lac, le poids de cette dernière altérant les forces et la pression de l'eau dans le sous-sol, ce qui a modifié la pression sur les failles terrestres, entraînant des séismes, illustrant ainsi que le remplissage et la vidange des lacs de barrage peuvent également générer des séismes, comme le révèle l'étude.
Les implications de ces travaux pour la gestion des risques sismiques, en particulier dans les régions montagneuses, sont significatives. «À l'avenir, il faudra considérer que les interactions entre les séismes et les phénomènes naturels à la surface peuvent être bidirectionnelles,» insiste Fabian Walter. Cela concerne aussi la Suisse. «Bien que la probabilité de tels événements soit faible, la Suisse a déjà été confrontée à plusieurs reprises à des éboulements catastrophiques. Si les preuves d'un tel risque s'accumulent, il sera nécessaire d'évaluer le danger potentiel représenté par un cours d'eau qui serait bloqué,» ajoute-t-il. De plus, avec le changement climatique, l'augmentation du volume des lacs glaciaires pourrait également influencer le risque sismique.
