Un nouveau rapport de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) révèle que 77,6 % des terres de la planète ont connu un assèchement permanent au cours des trois dernières décennies, les terres arides s’étendant de 4,3 millions de km, soit une superficie de près d’un tiers plus grande que celle de l’Inde. Ces changements constituent des menaces importantes pour les écosystèmes, l’agriculture et les moyens de subsistance humains.
Les régions arides correspondent à des zones où une absence d’humidité persistante ne permet pas le développement de la plupart des formes de vie. «Contrairement aux sécheresses, qui sont des périodes temporaires de faibles précipitations, l’aridité représente une transformation permanente et implacable», explique Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD. Ibrahim Thiaw ajoute que «lorsque le climat d’une région devient plus sec, la capacité de revenir aux conditions antérieures est perdue. Les climats plus secs qui affectent actuellement de vastes terres du monde ne reviendront pas à ce qu’ils étaient et ce changement redéfinit la vie sur Terre.»
Les résultats, basés sur les données de l’indice mondial d’aridité, indiquent que près de 40,6 % de la superficie terrestre de la planète (à l’exclusion de l’Antarctique) relève désormais de la classification des zones arides. Ces changements sont en grande partie attribués au changement climatique d’origine humaine, qui modifie les régimes de précipitations et accélère l’évaporation.
« La crise de l’aridité a été documentée avec une clarté scientifique, révélant une menace existentielle affectant des milliards de personnes dans le monde », a déclaré Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la CNULCD. Il a souligné que si les sécheresses sont temporaires, l’aridité représente une transformation irréversible des climats et des écosystèmes.
Principales constatations et impact
Le rapport, intitulé « La menace mondiale de l’assèchement des terres », présenté lors de la COP16 de la CNULCD à Riyad, en Arabie saoudite, identifie les points chauds de l’aridification, y compris la quasi-totalité de l’Europe (95,9 %), certaines parties de l’ouest des États-Unis, le Brésil et l’Afrique centrale. Dans les scénarios à fortes émissions, les zones arides devraient continuer à s’étendre, ce qui aura un impact sur des régions comme le Midwest des États-Unis, l’Afrique australe et le sud de l’Australie.
Pour les 2,3 milliards de personnes qui vivent déjà dans les zones arides, les conséquences comprennent une diminution de la productivité agricole, une pénurie d’eau et une augmentation des migrations. Selon les projections, d’ici la fin du siècle, jusqu’à 5 milliards de personnes pourraient vivre dans des conditions arides, ce qui aurait de graves conséquences pour la pauvreté, la santé et la biodiversité dans le monde.
e rapport qualifie de «désastreuses» les conséquences pour l’agriculture dans les zones arides où 90 % des rares pluies s’évaporent et sont perdues. D’ici 2040, les rendements des cultures pourraient diminuer de manière significative en raison de l’aridité croissante des sols, avec des pertes estimées à 20 millions de tonnes de maïs, 21 millions de tonnes de blé et 19 millions de tonnes de riz. Avec les tendances actuelles d’émission de gaz à effet de serre, les rendements de maïs au Kenya, principale agriculture du pays, seront réduits de moitié.
Recommandations d’action
Le rapport de la CNULCD met l’accent sur plusieurs stratégies pour lutter contre l’aridité :
- Surveillance améliorée : Intégrez les mesures d’aridité dans les systèmes de surveillance de la sécheresse et utilisez des outils tels que l’outil d’information visuelle sur l’aridité pour une détection et une réponse précoces.
- Utilisation durable des terres : Mettre en œuvre des pratiques de gestion des terres qui privilégient la résilience, en impliquant les communautés locales et autochtones dans les efforts de restauration comme la Grande Muraille verte en Afrique.
- Efficacité de l’eau : Promouvoir des technologies telles que la collecte des eaux de pluie et le recyclage des eaux usées afin d’optimiser l’utilisation de l’eau dans les régions touchées.
- Résilience communautaire : Renforcer les capacités locales par l’éducation, le soutien financier et les pratiques agricoles adaptées au climat.
- Coopération internationale : Aligner les politiques sur des cadres tels que l’initiative de neutralité en matière de dégradation des terres de la CNULCD afin d’assurer des réponses mondiales cohérentes.
Le rapport souligne la nécessité d’une action urgente et coordonnée pour faire face à la menace croissante de l’aridité, qui transforme les paysages de la planète et met en péril le bien-être de milliards de personnes.
On notera que ce rapport vient en contredire certaines études récentes publiées ces dernières années et qui indiquent que les surface touchées par les sécheresses ont tendance à diminuer.