La glaciation de l'hémisphère nord plus ancienne que prévu
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La première ère glaciaire au niveau planétaire s'est ouverte sur Terre il y a quelque 34 millions d'années, beaucoup plus tôt que l'on ne pensait, avec une formation quasi simultanée des premières grandes calottes glaciaires dans les deux hémisphères, estiment des scientifiques dans une étude publiée dans la revue Nature de jeudi.
En, effet, selon les hypothèses généralement admises, les calottes glaciaires comparables à celles qui couvrent aujourd'hui le Groenland et le pôle sud n'ont fait leur apparition, dans le nord, qu'il y a une dizaine de millions d'années.
Aradhna Tripati, de l'université de Cambridge, et ses collègues britanniques et suédois, ne sont plus d'accord. Grâce à l'analyse isotopique d'échantillons de calcite prélevés par carottage dans les sédiments marins du Pacifique tropical et du sud de l'océan Atlantique, les scientifiques ont découvert qu'après une période où la Terre était une immense "serre chaude", il y a 55 millions d'années, la situation a commencé à changer d'une manière importante il y a 42 millions d'années.
Puis, il y a 34 millions d'années (période géologique connue sous le nom de "limite Eocène-Oligocène"), quand la calotte antarctique a entamé sa croissance, celle du nord a également commencé à se former, ont-ils "lu" dans les archives naturelles des fonds océaniques. Ces conclusions contredisent les hypothèses actuelles selon lesquelles cet événement ne se serait produit qu'au cours des 6 à 10 derniers millions d'années.
Ce sont les squelettes calcaires d'organismes unicellulaires appelés foraminifères qui permettent de connaître la nature des dépôts sédimentaires dans lesquels ils ont vécu. Les foraminifères fabriquent en effet le calcaire de leur squelette à partir des éléments contenus dans l'eau de mer, en premier lieu l'oxygène de l'eau. Ainsi, leur teneur en isotopes de l'oxygène indique s'ils ont été confrontés à un milieu chaud ou froid.
Selon Aradhna Tripati et ses collègues, les indices obtenus correspondent à un abaissement du niveau de la mer global de 100 à 125 mètres au moins, provoqué par un stockage significatif de glace dans les deux hémisphères car, insistent-ils, la calotte antarctique ne suffit pas pour expliquer l'ampleur du phénomène. Les dépôts de carbonate de calcium ont changé en même temps, suggérant un rôle important pour le cycle du carbone.
On pensait jusqu'à présent que les grandes glaces avaient fait leur apparition d'abord en Antarctique, suite à une diminution des concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (C02, gaz à effet de serre associé aux risques de réchauffement climatique, dû cette fois surtout aux activités humaines).
"Si la baisse du taux de CO2 atmosphérique a stabilisé l'état glaciaire dans l'oligocène, s'interroge Lee Kump, de l'Université de Pennsylvanie, dans un commentaire publié par Nature, son accroissement par l'utilisation de combustible fossile la déstabilisera-t-il à l'avenir?"
Selon lui, la leçon à tirer de cette étude est que nous devrions observer attentivement "tous les signes subtiles de passage du monde glaciaire dans lequel la Terre est restée pendant 34 millions d'années vers un nouveau monde de serre chaude."
Source : Nature