Bilan statistique des catastrophes naturelles survenues en France entre 2001-2020
- Catégorie : Veille données et statistiques
Depuis 20 ans, le cabinet d’étude spécialisé dans l’étude des risques naturels, Ubyrisk Consultants, effectue une veille permanente des catastrophes naturelles survenant dans le monde (http://www.catnat.net). Les événements référencés (près de 18 200) sont compilés dans la base de données « BD CATNAT », considérée à ce jour comme la plus exhaustive en la matière, et permettent d’établir des statistiques précises à l’échelle global ou nationale. A l’occasion de sa 20ème année d’existence, Ubyrisk Consultants rend publique un panorama exhaustif des catastrophes naturelles survenues en France et dans les DOM au cours de la période 2001-2020 (le Bilan statistique des catastrophes naturelles survenues dans le Monde entre 2001-2020 est également disponible en complément de cette étude).
Depuis le 1er janvier 2001, pas moins de 1964 événements naturels dommageables se sont produit dans en France et dans les DOM, causant la mort directe ou indirecte de 30 824 personnes et coûtant près de 49 milliards d’€ de dommages.
DES EVENEMENTS EN AUGMENTATION ET ESSENTIELLEMENT D’ORIGINE ATMOSPHERIQUE
49,7 % des événements naturels dommageables enregistrés entre 2001 et 2020 sont d’origine météorologique (tempêtes, cyclones, intempéries, tornades orages, grêle, neige), 30,2 % sont d’origine climatique (incendies de forêt, sécheresse, canicule, vague de froid), 13,7 % d’origine hydrologique (inondations) et seulement 6,3 % d’origine géologique (séismes, éruptions, mouvements de terrain ou mouvements de terrain).
Si la part des événements d’origine météorologique survenus en France est un peu supérieure à celle qui prévaut à l’échelle mondiale 43,3 %), il apparaît en revanche que la part des événements d’origine géologique dans notre pays est plus de deux fois moins importante qu’à l’échelle mondiale. Ceci s’explique notamment par le fait que notre pays n’est qu’assez modérément exposé au risque sismique et volcanique et que le nombre de mouvements de terrain y est relativement limité.
En revanche, notre pays est sensiblement exposé aux risques d’origine météorologiques et climatique. En effet, la part de ces types d’aléas est presque deux fois importante que celle prise à l’échelle mondiale. Cette réalité s’explique surtout par le risque incendies de forêt qui est proportionnellement plus important (en fréquence) dans notre pays que dans la plupart des autres pays du monde.
Enfin, la part des événements d’origine hydrologique est également sensiblement moins forte en France que dans le reste du monde, malgré le fait que l’aléa inondation représente le risque naturel majeur principal dans notre pays.
En termes de fréquence de typologie d’aléa, avec 523 événements recensés (soit 26,7 % des événements), les incendies de forêt constituent le risque naturel le plus fréquent, suivis par les orages avec 300 événements (15,3 %) puis les inondations qui avec 282 événements représentent 14,4 % des occurrences. Les avalanches et les tempêtes s’attribuent respectivement 13,3 % et 6% des événements.
Tous types d’événements confondus, la croissance moyenne annuel des événements est de l’ordre de 3,8 % %, soit un taux supérieur à celui qui prévaut à l’échelle mondiale (2,3 %). L’augmentation de la fréquence des événements est surtout le fait de la multiplication des événements de petite intensité qui sont ceux qui ont le plus progressé. En effet, si l’on ne considère que les événements les plus importants (ayant fait au moins 5 victimes ou plus de 10 blessées et / ou ayant causé des dommages matériels notables à une échelle au moins régionale), on constate que leur nombre annuel n’évolue que très modérément sur la période contrairement aux événements de plus faible intensité.
DES CATASTROPHES NATURELLES QUI SURVIENNENT MAJORITAIREMENT EN SAISON FROIDE ET DANS LE SUD DU PAYS
La répartition mensuelle moyenne des événements fait apparaître deux pics d’événements, l’un centré sur été (qui représente à lui seul plus du quart des événements) et l’autre sur les mois de janvier et de février (18 % des événements). Le pic hivernal s’explique par le fait que les événements les plus fréquents (inondations et avalanches) surviennent préférentiellement en hiver dans notre pays. Le pic estival s’explique par le fait que ces mois concentrent la majorité des incendies de forêt et des orages, phénomènes qui sont également parmi les plus fréquents.
L’analyse de la répartition spatiale (voir carte ci-contre) des événements enregistrés entre 2001 et 2020 montre une forte concentration dans le tiers Sud du pays. En effet, 58 % des événements recensés sont localisé au Sud d’une ligne allant l’embouchure de la Garonne au Sud de l’agglomération lyonnaise.
DES EVENEMENTS MOINS GRAVES, MOINS COUTEUX MAIS AU BILAN HUMAIN ELEVES
Gravité globale - En terme de gravité, 90 % des événements recensés appartiennent aux 3 échelons inférieurs de gravité (événements faisant moins de 5 victimes ou blessés et ayant des conséquences matérielles régionale) de notre grille de qualification d’importance des événements qui compte 7 niveaux . A l’échelle mondiale, cette part atteignait 69 %. Les événements survenant en France sont donc généralement moins graves que ceux survenant à l’échelle globale.
D’une manière générale, la part des événements de gravités supérieures est moins élevée en France que dans le reste du monde.
La gravité moyenne annuelle des événements connait quant à elle une importante variation interannuelle : celle-ci a atteint un maximum de 1,78 en 2007 (contre 2,33 en 2002 dans le monde) et un minimum de 1,47 en 2011 (contre 1.98 en 2011 dans le monde). Sur la période étudiée, il ne semble donc pas que le niveau de gravité moyen des événements se soit accru.
Conséquences humaines – Entre 2001 et 2020, les catastrophes naturelles ont fait 30 824 victimes en France et dans les DOM. Ce chiffre particulièrement élevé s’explique principalement par la canicule de l’été 2003 qui a elle seule représente 63,2 % des victimes (19 490 victimes, principalement par surmortalité par rapport à la normale).
Les canicules sont de loin les événements les plus meurtriers puisqu’elles représentent 96 % des victimes. Les les avalanches arrivent en seconde position - avec 376 morts - et représentent 1,2 % des victimes. Les inondations arrivent en 3ème position avec 262 morts (0.8 % du total) suivies par les tempêtes qui ont causé la mort de 175 personnes (0,5 % du total) et enfin les vagues de froid avec 106 victimes (0,3 % du total).
Hors canicules, dont les bilans humains sont indirects et soumis à une estimation basée sur une surmortalité, le nombre moyen de victimes des catastrophes naturelles s’établit à 58 par an.
Conséquences économiques - Entre 2001 et 2020, le coût total des dommages liés aux catastrophes naturelles est estimé à au moins 61,5 milliards de $ (51 milliards d’€). Le coût annuel moyen des dommages liés aux catastrophes naturelles s’élève donc au minimum à 3 milliards d’$ (2,5 milliards d’€). Ce chiffre élevé cache néanmoins de fortes disparités inter-annuelles puisqu’il existe un facteur 6 entre l’année la moins coûteuse (2012 avec 178 millions d’€ ) et la plus coûteuse (2003 avec 7,9 mdrs de $ ).
Si l’on s’intéresse à la ventilation des coûts par type d’aléa on constate que les inondations représentent le risque naturel le plus onéreux avec plus de 22 % des coûts de la période considérée, suivies de près par les tempêtes (21 % des coûts) et mouvements de terrain (11,7 % des coûts). Les canicules et les cyclones tropicaux représentent également des coûts non négligeables (7,5 % des coûts chacun). On notera que la quasi-totalité (88 %) des préjudices économiques liés aux catastrophes naturelles sont le fait d’événements d’origine atmosphérique (hydrologiques, climatique ou météorologiques).
Parmi les évènements les plus coûteux, les inondations et les mouvements de terrain liés à la subsidence sont les plus représentées. Les tempêtes tempérées sont quant à elles moins nombreuses mais occupent 3 des 4 premières places des événements les plus onéreux.
Le coût élevé de ces événements s’explique par le fait qu’ils affectent souvent de vastes superficies et conduisent donc souvent à un nombre très importants de sinistres au coût unitaire moyen élevé. Enfin, cette liste met en lumière l’exposition notable de notre pays aux risques naturels d’origine atmosphérique.
EVOLUTION DES CATASTROPHES NATURELLES EN FRANCE DANS LE CONTEXTE DE RECHAUFFEMENT GLOBAL
La France connaît depuis un siècle un réchauffement de sa température moyenne (de l’ordre de 1,3 °C en moyenne sur les 100 dernières années). Depuis plusieurs années déjà il est d’usage, à chaque catastrophe naturelle d’origine atmosphérique, d’incriminer le réchauffement global et ce, tant pour des événements survenant dans notre pays que dans le reste du monde. Le changement climatique est également désigné comme responsable direct de l’augmentation apparente de la fréquence des événements d’origine atmosphériques. Mais qu’en est-il vraiment au regard de la réalité des chiffres ?
L’augmentation annuelle moyenne (3,8 %) des événements en France est surtout le fait de la multiplication des événements de petite intensité qui augmentent davantage que les événements de gravité notable (c’est-à-dire ayant fait plus de 5 victimes ou plus de 10 blessés et / ou ayant causé des dommages matériels notables à une échelle au moins régionale, ce qui correspond au niveau 3 de notre échelle de gravité à 6 niveaux).
Enfin, on notera que la médiatisation des événements naturels dommageables n’a cessé de croître au cours de ces 30 dernières années (du fait même de la très forte médiatisation de la problématique du réchauffement global). Celle-ci contribue sans aucun doute à l’impression générale d’une plus grande fréquence des catastrophes.
Cependant, on notera que les phénomènes d’origine atmosphérique ont augmentés davantage que l’ensemble des événements (croissance moyenne annuelle de 5,3 % contre 3,8 %). Qui plus est, les événements d’origine atmosphérique graves (niveaux 3 à 6 de notre échelle de gravité) ont connu une évolution encore plus forte avec un taux de croissance moyen annuel de plus de 19 %. Le paramètre démographique et les dynamiques urbaines sont donc loin d’expliquer toute l’évolution observée. En effet, l’évolution climatique enregistrée à l’échelle globale explique sans doute la progression de certains aléas atmosphériques tels que les périodes de chaleur, de sécheresse et de certains épisodes d’inondations.