Ces derniers mois, le phénomène El Niño, n’a cessé de se renforcer, au point d’atteindre un niveau jamais vu depuis 1997. Or la Polynésie française est en première ligne face à ce phénomène climatique naturelle, car il augmente très fortement le risque de cyclones.
La Polynésie a déjà connu deux épisodes El Nino fort, en 1982-1983 et en 1997-1998. Et à chaque fois, on a constaté une recrudescence des cyclones en Polynésie. Exemple : en 1983, six cyclones ont touché la Polynésie française alors que dans une année normale, le risque de cyclone en Polynésie est très faible.
Le risque de voir la Polynésie française frappée par un cyclone cette saison est donc estimé «au-dessus de 90%», a annoncé hier à Papeete la direction interrégionale de Météo-France. Cette probabilité concerne particulièrement trois archipels de la collectivité : la Société, les Tuamotu et les Australes, pendant la saison chaude (novembre à mars). L'archipel de la Société est de loin le plus peuplé, avec les îles de Tahiti, Moorea, Raiatea ou encore Bora Bora. L'archipel des Tuamotu est moins peuplé mais plus vulnérable, avec ses atolls isolés qui ne s'élèvent qu'un ou deux mètres au-dessus du niveau de la mer.
Quant à l'archipel des Australes, il a payé un lourd tribut à l'un des derniers cyclones importants qui a touché la Polynésie : l'une de ses îles, Tubuai, avait été dévastée par Oli en février 2010.
La «quasi-certitude» de voir un cyclone en Polynésie dans les mois à venir est liée au phénomène El Niño «de forte intensité», qui devrait atteindre «sa pleine maturité en début de saison chaude, soit en novembre 2015», précise Météo-France. El Niño est un phénomène climatique qui se traduit par un réchauffement de l'eau, ce qui affecte la circulation des masses d'air.
Depuis le début de l'hiver austral, Météo-France a observé une hausse des températures de l'Océan Pacifique équatorial. Ces hausses varient entre 0,5 et 3°C selon les longitudes. La direction de la protection civile du haut-commissariat a rappelé les mesures de prévention en cas de cyclone. Elle recommande à la population de s'équiper en amont d'une trousse de secours, d'outils et de lampes de poches, et de stocker des vivres et de l'eau. Météo-France rappelle que pendant les épisodes de «forts El Niño de 1982-83 et 1997-98», la Polynésie française a «comptabilisé cinq et trois puissants cyclones».
Or, c’est là que se trouve l’archipel des Tuamotu qui est composé d’atolls. Ces atolls sont vulnérables, du fait de leur très faible altitude" (entre 3 et 5 mètres). A Météo France Polynésie, la responsable du service Etude et climatologie, Victoire Laurent annonce que des événements pourraient voir lieu dès octobre.
Dans le passé, il y a eu au début du XXe siècle des cyclones très meurtriers aux Tuamotu, en 1903, en 1905 et en 1906 provoquant des centaines de morts. Ce ne sont pas les vents qui ont causé des victimes, mais la submersion, les vagues qui ont déferlé sur les îles. Heureusement, la Polynésie française est vaste et les cyclones peuvent passer entre les archipels.
Source : Outre-Mer 1ère