L’éruption de la Fournaise à La Réunion a débuté de manière tout à fait classique et plutôt modeste, une forte hausse de l’activité a été remarquée à partir du 29 septembre, à l’origine de la formation d’un cône éruptif imposant, d’un champ de lave assez étendu.
Durant les dix premiers jours, cette éruption n'avait rien d'extraordinaire, si ce n'est le spectacle qui est toujours d'une beauté sans nom avec la Fournaise. C'était alors une éruption modeste suivant une évolution classique, avec un cône qui se formait autour de deux évents de la fissure éruptive initiale et des longues coulées en gratons qui laissèrent rapidement la place à des laves lisses et aux tunnels de lave associés. Le 24 septembre, le cône éruptif faisait ainsi 19 mètres de haut, avec une bouche éruptive d'environ 25 mètres de diamètre. Quelques laves pahoehoe, lentes et éphémères, s'épanchaient ici et là sur le champ de lave, ainsi que des coulées un peu plus alimentées, pour un débit estimé à environ 4 m3/s minimum.
À partir du 29 septembre, l'éruption s'intensifia clairement. L'activité explosive qui était alors vraiment réduite reprit de plus belle et transforma le cône en quelques jours ! Le 3 octobre, il atteignait ainsi près de 40 mètres de haut, pour un diamètre de la bouche éruptive de 75 mètres, avec des flancs abrupts. Ce cône, qui s'édifia sur le flanc est du Kala-Pélé, un des cônes éruptifs les plus imposants de l'Enclos Fouqué né d'une éruption en août-octobre 2015, parut bien longtemps tout petit à côté de celui-ci.
L'activité effusive n'était pas en reste, avec un net agrandissement de la superficie du champ de lave, lui qui n'évolua que très peu après le 20 septembre. Le 29 septembre, une coulée fut même observée avançant à environ 150 m/h, ce qui est une vitesse que l'on trouve plutôt lors des départs d'éruption ! Le front le plus avancé s'arrêta ainsi à quelques centaines de mètres du cassé des Grandes Pentes, après plus de trois kilomètres de parcours. Lors de cette période, le débit éruptif fut estimé à environ 20 m3/s minimum : il avait donc quintuplé !
Puis, à partir du 1er octobre, la sismicité reprit sous le sommet du volcan, avec plus de soixante séismes chaque jour entre le 2 et le 4 octobre, certains avec « des polarités négatives indiquant des effondrements au niveau du toit du réservoir », selon l'observatoire volcanologique. Ceci, associé à un dégonflement du volcan de l'ordre de deux centimètres en quatre jours, suggérait une baisse de la pression dans le réservoir magmatique, à l'origine d'une légère baisse de l'activité éruptive depuis hier. L'éruption s'est subitement arrêtée le 05 octobre.