821,6 millions. C’est le nombre de personnes qui souffraient de la faim en 2018. Ce nombre, qui donne le vertige, pourrait exploser à cause du réchauffement climatique. C’est en tout cas une des conclusions du rapport du Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, publié le 8 août.
"La sécurité alimentaire sera de plus en plus compromise par le changement climatique à venir en raison de la baisse des rendements, en particulier dans les régions tropicales, de l’augmentation des prix, de la réduction de la qualité des nutriments et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement", a ainsi expliqué Priyadarshi Shukla, coprésident du Groupe de travail III du Giec.
Si les températures mondiales augmentent de 2°C en moyenne, le risque d’instabilité de l’approvisionnement alimentaire sera hautement élevé, notent les chercheurs, alors même qu'en 2050 il faudra nourrir 9 milliards d'individus. En 2014, les experts du Giec avaient déjà établi que, sans réel effort pour endiguer le réchauffement climatique, la production des grandes cultures comme le blé, le riz ou le maïs pourraient baisser de 2 % tous les 10 ans. Les régions tropicales seraient les plus touchées par ce phénomène mais les régions tempérées n'en seront pas non plus exemptées.
Certains effets de cette future crise alimentaire sont d'ailleurs déjà visibles. Dans le Midwest américain, les inondations ont empêché les agriculteurs de semer les maïs. Le gouvernement américain a prévu un recul de 10 % de la production sur l’année. Cela pourrait provoquer une flambée des prix du maïs, mais aussi de la viande, des produits laitiers et des œufs, car cette céréale est utilisée dans l’alimentation animale. La sécheresse en Thaïlande s’est également répercutée sur les rizières. En Inde, la mousson très tardive a provoqué une pénurie d’eau. Pour les agriculteurs, la situation est particulièrement alarmante.
Les épisodes de canicules en France, en Espagne, en Pologne… ont provoqué un déficit hydrique. Dans l'Hexagone les céréaliers ont eu de la chance, les récoltes sont exceptionnelles, les producteurs ayant récolté pendant la canicule. Mais certaines régions, comme l'Auvergne, pâtissent d'une sécheresse particulièrement grave après un hiver sec. Les récoltes sont faibles, les maïs manquent d'eau, et même la qualité est détériorée, relève dans le Parisien, Christiane Lambert la présidente de la FNSEA, principal syndicat agricole. Une étude publiée en août 2018 dans la revue Nature Climate Change avait d’ailleurs démontré qu’avec le réchauffement climatique et la hausse des émissions de CO2, les aliments de base allaient perdre en nutriments.
D’ici 2050, date à laquelle la concentration de CO2 pourrait atteindre 550 parties par million (ppm) contre 405 aujourd’hui,. En conséquence, "les teneurs en protéines, fer et en zinc vont réduire de 3 à 17 %" pour les cultures de base essentiellement dans les pays en développement où l’apport en protéines est majoritairement d’origine végétale, estiment les chercheurs de Havard. Selon Adam Drewnowski, professeur d'épidémiologie à l'Université de Washington, le riz, aliment de base de la moitié de l'humanité, pourrait perdre environ 70 % de calories et la moitié de ses nutriments.
Surtout, "dans le passé, les mauvaises conditions météorologiques dans une zone étaient compensées par une amélioration possible dans une autre", note dans NBCNews Rosamond Naylor, directrice du Centre de sécurité alimentaire et de l’environnement à l’Université de Stanford. "Mais certaines de nos recherches ont montré que lorsque nous nous approchons de 2 °C (d’élévation des températures, ndr), la probabilité que les principaux producteurs de céréales subissent un choc climatique dans la même saison monte en flèche", ajoute-t-elle.
Le réchauffement global accroît le risque de crise alimentaire mondiale h1>
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