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Cependant, cet écart pourrait évoluer à la fin du siècle. Selon cette étude, les décès dus à la chaleur en Europe pourraient tripler d'ici 2100, pour être responsable de la mort de 128.809 personnes par an si les températures augmentent de 3°C.
Les chercheurs du Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne, l'un des coauteurs de l'étude, s'attendent à ce qu'il y ait beaucoup plus de décès liés à la chaleur à mesure que le climat se réchauffe et que les populations vieillissent, alors que les décès dus au froid ne diminuent que légèrement. Les régions les plus touchées seraient largement situées dans les pays du sud de l'Europe tels que l'Italie, la Grèce et l'Espagne, voire le sud de la France.
Pour réaliser cette étude, les scientifiques ont modélisé la mortalité actuelle et future due à des températures non optimales dans 1368 régions européennes, en tenant compte des caractéristiques spécifiques à l’âge et des vulnérabilités socio-économiques locales. Les territoires d’outre-mer ont été exclus de l’analyse. Ils ont appliqué une méthode en trois étapes pour estimer en continu le risque lié à la température selon l’âge et les dimensions spatiales. Des fonctions d’exposition-réponse spécifiques à l’âge et à la ville ont été obtenues pour une liste exhaustive de 854 villes européennes à partir de l’ensemble de données Urban Audit d’Eurostat. Les agrégats régionaux ont été calculés à l’aide d’une méthode d’agrégation et d’extrapolation qui intègre l’incidence du risque dans les villes voisines. La mortalité a été projetée pour les conditions actuelles observées entre 1991 et 2020 et pour quatre niveaux différents de réchauffement climatique (augmentation de 1,5 °C, 2 °C, 3 °C et 4 °C) par région et sous-région à l’aide d’un ensemble de 11 modèles climatiques produits par l’expérience régionale coordonnée de réduction d’échelle du climat (CMIP5) sur l’Europe, et des données de projection démographique de EUROPOP2019.
Dans leurs écrits, les chercheurs affirment que le nombre annuel de décès dus au froid et à la chaleur en Europe pourrait passer de 407.000 personnes aujourd'hui à 450.000 en 2100. De nombreux climatosceptiques clament que le réchauffement de la planète est bénéfique pour la société parce que, selon eux moins de gens mourront de froid à l’avenir. Or, les chercheurs concluent que l'augmentation du nombre de décès dus à la chaleur, en augmentation de 13,5% d’ici 2100, dépasserait largement la diminution du nombre de décès dus au froid, si le réchauffement de la planète grimpe de 3 ou 4°C.
Plusieurs facteurs sont avancés, dont le vieillissement de la population et de sa plus grande vulnérabilité aux températures dangereuses. L’étude précise que la catégorie de personnes la plus touchée serait celle des plus de 85 ans. Pour leur analyse, publiée après un été où les feux d’incendies ont fortement touché la Grèce, le Canada ou encore les États-Unis, les scientifiques se sont fondés sur les données de 854 villes.
La prudence est néanmoins de mise. L’analyse repose sur une précédente étude qui affirme que l'effet de la température sur les taux de mortalité était constant entre 2000 et 2019. Or, d’autres études ont pointé l'amélioration des soins de santé ou les innovations techniques en termes d'infrastructure pour justifier cette absence de stabilité.
