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ALERTES EN COURS

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  • 13 au 17/01 : alerte aux intempérie pour l'Italie, la Grèce et le Magreb
  • 09 au 17/01 : alerte cyclonique (Dikeledi) pour Madagascar, Mayotte et le Mozambique

 

Les assurances et les risques élevés n'ont jamais été compatibles. Avec l’aggravation du réchauffement climatique, la pérennité des systèmes actuels de compensation est de plus en plus fragilisée. Entre la perception de ces assurances comme une dépense secondaire, la hausse des tarifs et le recours accru à des formes d’entraide communautaire, l’engouement des populations pour ces mécanismes diminue progressivement.

En 2022 et 2023, le coût des indemnisations climatiques s’est respectivement élevé à 10 milliards et 6,5 milliards d’euros. Si la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles augmentent comme prévu, ces dépenses cumulées pourraient atteindre 143 milliards d’euros d’ici 2050.

Dans des pays comme la France ou l’Espagne, un modèle d’assurance obligatoire pour ce type de risques existe, mais il demeure rare. Ailleurs, ces garanties restent majoritairement optionnelles et fonctionnent selon une logique de marché. Ces dernières années, un nombre croissant d’assureurs ont cessé leurs activités dans les régions les plus exposées. Ceux qui restent tendent à augmenter considérablement les primes ou à opérer une sélection plus stricte des assurés afin de préserver leur rentabilité.

 

Des tarifs qui augmentent avec le risque

Le secteur de l’assurance traverse une période de transformation profonde, marquée par un enchaînement rapide de catastrophes naturelles, une base de souscripteurs limitée et une concentration élevée de profils à risque. Ces tensions entraînent une hausse généralisée des primes, excluant progressivement les assurés les plus vulnérables, pour qui la couverture devient inabordable.

Ces défis pourraient désormais affecter les régimes d’assurance obligatoires, jusqu’ici moins touchés par ces dynamiques. En France, la contribution liée au régime des catastrophes naturelles, intégrée comme surprime aux contrats d’assurance habitation, passera de 12 % à 20 % dès janvier 2025. Ce relèvement met fin à 24 années de stabilité et pourrait annoncer d’autres révisions à venir.

La viabilité des systèmes actuels d’indemnisation est en question. Dans une méta-analyse recoupant les études empiriques publiées dans Web of Science et Google Scholar de 2005 à 2021, en combinant les mots-clés suivants : insurance, willingness to pay, low probability, contingent valuation, climate risk et natural disasters, des chercheurs examinent la demande d’assurance pour des risques tels que les inondations, les sécheresses et les tempêtes, ainsi que pour différents biens comme les habitations et les exploitations agricoles. L’objectif : mesurer la disposition des ménages à payer pour s’assurer contre ces risques. Cette valeur reflète le montant maximum qu’un individu est prêt à payer pour réduire son exposition aux risques.

 

Les risques climatiques sous-estimés par les citoyens

Les enquêtes révèlent que les participants sont prêts à débourser environ 87 % de la valeur de la prime actuarielle, c'est-à-dire le montant versé à l’assureur en échange des garanties proposées. Cela illustre que, malgré une reconnaissance générale de l’utilité de l’assurance, beaucoup demeurent réticents à payer le tarif complet pour obtenir cette protection.

Une des raisons de cette réticence réside dans une sous-estimation fréquente des risques liés aux catastrophes naturelles, ce qui freine l’adhésion aux assurances correspondantes. Les études expérimentales, où des scénarios hypothétiques sont créés pour simuler des situations risquées, montrent que les participants tendent à accorder une plus grande valeur à l’assurance, influencés par une perception accrue du danger. En revanche, les enquêtes observationnelles, qui se limitent à analyser des comportements réels dans des contextes non manipulés, mettent en évidence une volonté de payer plus faible, probablement parce que les risques de pertes y sont perçus comme moins probables.

Un autre aspect significatif est la relation inverse entre le revenu moyen des ménages et leur propension à payer une assurance. Celle-ci pourrait être considérée comme un bien inférieur, dont la demande décroît à mesure que les ressources économiques augmentent. Par exemple, les catégories aisées tendent à éviter de souscrire à des protections pour certains risques, préférant en gérer les conséquences financières par elles-mêmes plutôt que de recourir à des assurances classiques. Cela pourrait aussi s’expliquer par une diminution de l’aversion au risque chez les plus fortunés, qui deviennent plus enclins à assumer des décisions risquées à mesure qu’ils accroissent leur richesse.

Enfin, l’âge joue également un rôle clé dans la demande en assurance. Les personnes âgées se montrent généralement moins enclines à investir dans ce type de garanties.

 

Solidarité familiale en Chine, sécurité en Allemagne

La perception de l’assurance est profondément ancrée dans les particularités culturelles propres à chaque nation.

En Chine, la solidarité familiale et communautaire est au cœur des valeurs sociales. Ainsi, face à une catastrophe naturelle, les habitants privilégient l’entraide familiale plutôt que de souscrire à une assurance. Cette pratique contraste avec d’autres pays, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, où la gestion formelle des risques via l’assurance est solidement établie. Dans ces pays, les citoyens sont plus enclins à payer pour se protéger, considérant l’assurance comme une solution fiable pour sécuriser leur avenir et répartir équitablement les risques.

Les traditions culturelles influent également sur la perception des assurances dans d’autres régions. En Inde, par exemple, la forte hiérarchie sociale pousse les habitants à compter davantage sur l’intervention publique en cas de catastrophes naturelles. Cette tendance limite naturellement l’attrait pour les assurances privées.

Dans un contexte mondial marqué par une transition vers des priorités comme la durabilité et la résilience, où l’objectif dépasse désormais la simple quête de profit, quel rôle les assurances sont-elles appelées à jouer ? Peuvent-elles devenir des instruments de transformation, favorisant des comportements responsables et un partage équitable des risques liés au climat ? Une question clé émerge alors partout : comment réorienter les flux d’investissement, y compris ceux des compagnies d’assurance, vers des initiatives renforçant la lutte contre le changement climatique et bâtissant des sociétés plus résilientes face aux défis à venir ?

 

 

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