Le Sénat américain a rendu public un rapport sur l'inassurabilité, tout récemment. C'est à propos. Les formules utilisées sont vives. On parle de crash systémique qui guette du fait des événements climatiques qui frappent. Et il est vrai que le pays n'est pas épargné.
La Commission Budget du Sénat américain, puisque c'est elle qui est à l'origine du rapport, a conduit une enquête pour obtenir des assureurs présents sur le territoire les statistiques de résiliation des polices d'assurance habitation. Cela lui a pris un an pour obtenir, en partie, les informations qu'elle demandait. Le constat est que oui, l'inassurabilité augmente.
Tout d'abord, les données confirment que c'est le changement climatique qui entraîne l'augmentation des taux de non-renouvellement, car les comtés les plus exposés aux risques liés au climat, tels que les incendies de forêt ou les ouragans, sont ceux qui connaissent les taux de non-renouvellement les plus élevés.
Deuxièmement, les données révèlent que la Floride, la Louisiane, la Californie et le Texas ne sont pas les seuls endroits à connaître des taux de non-renouvellement en forte hausse et des primes en augmentation. La Floride a le taux de non-renouvellement moyen le plus élevé de l'État ; le Texas n'est même pas dans le top dix. Le sud de la Nouvelle-Angleterre, les Carolines, le Nouveau-Mexique et les comtés des Rocheuses du Nord, l'Oklahoma et Hawaï souffrent tous de taux de non-renouvellement élevés, démontrant que l'ensemble des effets liés au climat (ouragans, incendies de forêt, tempêtes convectives sévères, grêle, précipitations extrêmes et élévation du niveau de la mer) déstabilise les marchés de l'assurance.
Troisièmement, les données sur le non-renouvellement que nous avons obtenues confirment une corrélation entre l'augmentation des taux de non-renouvellement et l'augmentation des primes. Cela souligne que le changement climatique est devenu un problème majeur de coût de la vie pour les familles à travers le pays. Au cours des derniers mois, des événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique ont causé de nouveaux ravages en Floride et dans le sud-est des États-Unis. Des événements comme ceux-ci ne feront qu'exacerber la crise de l'assurance qui se développe à travers le pays.
Une chose est certaine : à moins que les États-Unis et le monde ne passent rapidement à une énergie propre, les événements météorologiques extrêmes liés au climat deviendront à la fois plus fréquents et plus violents, entraînant des assurances de plus en plus rares et des primes de plus en plus élevées. Cela devrait entraîner une chute des valeurs immobilières dans les communautés où l'assurance devient impossible à trouver ou prohibitivement chère — un effondrement des valeurs immobilières avec le potentiel de déclencher une crise financière à grande échelle similaire à celle qui s'est produite en 2008. Pour éviter un tel destin dévastateur, nous devons accélérer la transition vers une énergie propre et éliminer la pollution par le carbone. Le changement climatique n'est plus seulement un problème environnemental. C'est une menace économique imminente.
Ce travail a permis de voir que tout le territoire est concerné en réalité à plus ou moins large échelle. Parfois il s'agit de quelques comtés dans un Etat, et pour les plus exposés, le long des côtes, c'est général. C'est un peu comme une tâche qui s'étend, un phénomène qui ne semble plus arrêtable et c'est ce qui inquiète les rapporteurs.
La suite c'est une enquête menée par le Trésor américain avec la NAIC qui est la "fédération" des responsables de l'assurance de chaque Etat qui doit la donner. Une étude qui a démarré sur le même thème peu après le travail de la commission Budget. Et les rapporteurs du Sénat de s'inquiéter que les résultats de cette étude ne soit pas encore publiée...