Dernière mise à jour : le 20/06/2024 à 15:57
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ALERTES EN COURS

  • 18 au 20/06 : alerte tempête tropicale (Alberto) pour le Nord-Est du Mexique et le Sud-Est du Texas
  • 17 au 21/06 : alerte aux très fortes chaleurs pour le centre Est des USA
  • 17 au 21/06 : alerte aux épisodes orageux forts pour de nombreuses régions françaises
  • 16 au 20/06 : alerte aux fortes pluies et inondations torrentielles pour plusieurs provinces chinoises
  • 10 au 15/06 : alerte aux fortes pluies pour l'Ouest de la Floride (USA)

 

 

En 2018, les économistes, William Nordhaus et Paul Romer ont reçu le Prix Nobel d’économie pour leurs travaux sur l’intégration des effets du changement climatique dans les modèles économiques. Ils ont contribué à modéliser l’interaction entre l’économie et l’atmosphère, en établissant une équation permettant de mesurer l’effet du dommage occasionné par une unité supplémentaire de réchauffement sur le PIB. En 1991, ils avaient estimé qu’une augmentation de la température de 3°C de la planète provoquerait une contraction du PIB de 2 %. Depuis, de nombreux travaux ont affiné ce modèle.

Les économistes, Diego Känzig de l’Université Northwestern et Adrien Bilal de l’Université Harvard utilisent les changements de températures passés, provoqués par les éruptions volcaniques ainsi que El Niño, pour modéliser les effets du réchauffement des températures. Ces économistes évaluent qu’une hausse supplémentaire de 1°C de la planète entraînerait une baisse de 12 % du PIB. Un scénario de changement climatique avec un réchauffement de plus de 3°C entraînerait des conséquences difficiles à apprécier au regard de leur ampleur. Ils considèrent qu’une telle augmentation aurait des effets comparables à une longue guerre mondiale. L’appréciation des dommages provoqués par le réchauffement climatique est un élément important pour déterminer l’opportunité de réaliser ou non des investissements visant à lutter contre celui-ci.

En 2022, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a proposé ainsi de réviser à la hausse son estimation du coût économique et social de la tonne de carbone de 51 dollars à 190 dollars. Les calculs des économistes Känzig et Bilal aboutissent à un montant plus de cinq fois supérieur, soit 1 056 dollars la tonne d’équivalent dioxyde de carbone. Ils estiment que les États-Unis ont tout intérêt à se lancer dans la décarbonation au vu des coûts que l’inaction induirait à terme.

Malgré tous les progrès réalisés en matière de modélisation depuis 1991, l’évaluation des dégâts potentiels des émissions des gaz à effet de serre demeure un exercice délicat. Pour mesurer le coût de ces dégâts, les économistes ont longtemps établi leurs calculs en comparant la situation économique et sociale des pays en fonction des températures constatées. Or, cette option peut sembler critiquable. La comparaison entre le Tchad et la Norvège a, en effet, peu de sens compte tenu des différences de ces deux pays ; différences qui ne sont pas, loin de là, toutes imputables aux températures. Même si la Norvège connaissait des températures identiques à celles du Tchad, elle ne serait pas dans la même situation économique.

Les économistes préfèrent aujourd’hui recourir à des modèles centrés sur l’évolution dans le temps d’un échantillon de régions. Si température et croissance sont corrélées sur le long terme, ce n’est pas le cas à court terme. Une croissance plus forte est susceptible d’accélérer le réchauffement climatique mais également de faciliter la transition écologique. Celle-ci peut, tout à la fois, brider la croissance en renchérissant le coût de l’énergie et la favoriser en dopant les investissements.

Des économistes préfèrent examiner les « chocs de température », en observant comment ils sont corrélés aux chocs de revenus. Ils essaient de déterminer quels sont les effets des vagues de chaleur sur l’économie. Les variations de températures sont susceptibles de provoquer d’importants changements, en particulier au niveau agricole à l’échelle mondiale, dont les ajustements se font dans le temps. De fait, les agriculteurs n’arrêtent pas du jour au lendemain de cultiver du blé au profit des bananes. Les changements de production peuvent amener de nouveaux déséquilibres et influer sur la croissance. Si tous les agriculteurs se mettent à cultiver des bananiers, le prix de la banane risque de s’effondrer.

Les interactions entre les régions sont nombreuses. La disparition de terres arables dans sur une partie de la planète entraînera des conséquences, par exemple, sur le prix des céréales. A contrario, prendre la planète comme panel gomme les problèmes économiques que certains territoires rencontreront.

La concentration de la population à proximité des côtes accroît les coûts des dégâts liés au réchauffement. En prenant une moyenne mondiale, le risque de sous-évaluation des conséquences de ce dernier est important.

Pour pallier les défauts des modèles globaux, les économistes ont recours à des systèmes intégrant les variations de rendements agricoles ou celles de la mortalité. Ils prennent en compte pour leurs calculs l’élévation du niveau de la mer et la demande énergétique supplémentaire nécessaire pour la climatisation. Ces estimations sont ensuite agrégées. Compte tenu du nombre élevé de facteurs pouvant avoir des effets économiques, les modèles restent parcellaires. Pour le moment, ces modèles ne prennent pas en compte le ralentissement du commerce international provoqué par la montée du protectionnisme, sachant que celui-ci n’est pas sans lien avec la transition écologique.

Quoi qu’il en soit, les dégâts du réchauffement climatique sur longue période sont réévalués à la hausse d’autant plus que celui-ci tend à s’accélérer. Il s’accroît désormais à un rythme de 0,26°C par décennie selon une étude scientifique publiée dans Earth System Science Data, le mercredi 5 juin dernier, par un groupe international de 59 scientifiques de renom, issus de 44 institutions. Entre 1970 et 2010, la planète se réchauffait au rythme de +0,18 °C par décennie. Entre la dernière étude du GIEC prenant en compte les années 2010/2019, une nouvelle accélération est constatée. Celle-ci est conforme au modèle du GIEC et selon Pierre Friedlingstein, directeur de recherche (CNRS) à l’École normale supérieure et l’un des signataires de l’étude, il n’y a pas, en l’état, un emballement climatique.

Un autre auteur de l’étude, Piers Forster, climatologue à l’université de Leeds (Royaume-Uni), indique qu’il n’y a « pas de preuve claire » que cette accélération se poursuive. Malgré tout, entre 2014 et 2023, l’augmentation a été de +1,19 °C par rapport à l’ère préindustrielle, contre +1,07 °C entre 2010 et 2019. La hausse des températures est plus élevée sur les continents (1,74 °C) qu’à la surface des océans (1,19 °C). L’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée, avec un surcroît de température de 1,43°C. 90 % de cette augmentation serait la conséquence des activités humaines, les 10 % restants étant provoqués par la variabilité naturelle du climat et, en particulier, le phénomène climatique El Niño. L’explication du niveau de température de 2023 demeure, en l’état actuel, encore à réaliser.

Selon l’étude précitée, les rejets carbonés ont atteint des niveaux records sur la décennie 2013-2022, équivalant à 53 milliards de tonnes de CO2 par an. Une décélération est constatée mais le volume de CO2 continue à augmenter. Le taux de progression est actuellement de 1 % par an, contre 3 % dans les années 2000. La concentration de CO2 est désormais 50 % plus élevé que sur la moyenne des cinquante dernières années. « Cet excès de chaleur est stocké dans les océans et les continents, qu’il réchauffe. Il réchauffe également l’atmosphère et fait fondre les calottes glaciaires », prévient Karina von Schuckmann, océanographe au Mercator Ocean International, un centre d’analyses situé à Toulouse. Le réchauffement tend également à s’accentuer en raison de la diminution de la pollution. En effet, la diminution des aérosols issus des activités humaines (industrie, transports, chauffage) entraîne un moindre réfléchissement des rayons du soleil vers l’espace.

En 2023, la pollution engendrée par les vastes feux de forêt au Canada a toutefois contrebalancé en partie cette diminution. Compte tenu des dernières données, la probabilité d’un réchauffement de 2°C de la planète est de plus en plus élevée avec, à la clef, une réduction du PIB pouvant dépasser 15 %. Une telle attrition n’est pas sans risques géopolitiques et sociaux pour les prochaines années mais les prévisions sont réalisées pour être démenties.

 

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