Post-scriptum : Plus de 20% des Romains ne se sont pas présentés au travail ou à l’école mercredi, par peur ou sous prétexte d’une rumeur sur un séisme dans la Cité éternelle, tandis que les hôtels et gîtes des alentours faisaient le plein. En revanche les hôtels et auberges d’agrotourisme ont vu un boom des réservations.
La circulation était d’ailleurs inhabituellement fluide dans la capitale et on notait des rangs clairsemés à l’entrée des écoles. Réputés superstitieux, les commerçants chinois de Rome avaient déserté leur quartier de l’Esquilino avec 9 rideaux de fer sur 10 baissés pour «maladie», «inventaire» ou «congé».
L’Ingv qui avait organisé une journée portes ouvertes pour tranquilliser la population a enregistré un boom de visites de mères de familles, écoliers, grands-parents inquiets.
La salle sismique de l’Institut a dit avoir enregistré 25 séismes de faible magnitude depuis le début de journée, mais pour la plupart dans la zone de l’Etna, et absolument aucun dans le Latium, la région de Rome.
Malgré tout, 400 personnes ont formé un groupe sur Facebook qui a passé la nuit de mardi à mercredi à la belle étoile au Cirque Maxime. D’autres avaient organisé des grands pique-niques ce mercredi dans des parcs.
Les rues de Rome pourraient être bien calmes le 11 mai prochain, nombre de ses habitants ayant prévu de déserter la capitale italienne où un séisme pourrait se produire, selon les prévisions d'un sismologue autodidacte décédé en 1979.
Depuis des mois, les travaux de Raffaele Bendandi, qui affirmait que les tremblements de terre étaient prévisibles, alimentent un débat passionné sur les sites internet et les réseaux sociaux. Car selon certaines rumeurs circulant sur la toile, la capitale italienne pourrait être frappée par un séisme le 11 mai.
Face à l'ampleur des rumeurs, des programmes spéciaux ont été diffusés sur la RAI, la chaîne de télévision publique, pour tenter d'apaiser les craintes des habitants et l'agence de protection civile a rappelé dans des communiqués qu'aucun séisme ne pouvait être prédit à l'avance. Mais de nombreux habitants de la Ville éternelle ne semblent prêter que peu d'attention aux démentis officiels.
Le souvenir du séisme qui avait frappé l'Aquila en 2009 et tué plus de 300 personnes reste vif à Rome où les secousses avaient été ressenties.
Bendandi, qui est mort à l'âge de 86 ans, estimait que les séismes étaient la conséquence d'un certain alignement des planètes, de la lune et du soleil. En 1923, il avait prédit qu'un tremblement de terre allait frapper la région des Marches, sur la côte Adriatique, le 2 janvier 1924. Malgré une erreur de deux jours, il se retrouve en une du Corriere della Serra : "L'homme qui prédisait les séismes".
Ses prévisions, consignées dans un document remis à un notaire peu avant sa mort mentionnent effectivement la date du 11 mai 2011. Mais pour Paola Pescarelli Lagorio, directrice de l'institut culturel Bendandiana où sont conservés les travaux de l'astronome, il n'est pas question de séisme : «Les prévisions qu'il nous a laissées [pour les années à venir, ndlr] concernent plus des tempêtes magnétiques que des tremblements de terre», «et surtout elles ne fournissent aucune indication de lieu».
Sur le site de l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV), les scientifiques répondent : «Prévoir les tremblements de terre sur la base des mouvements des astres n'a aucune base scientifique, car les forces causées par les corps célestes sur la Terre, sont moindres comparées aux forces internes qui provoquent le mouvement des plaques». Et d'ajouter : «Rome n'est pas dans une zone sismique à hauts risques».
Malgré les démentis officiels et les programmes spéciaux diffusés sur la RAI, le net regorge d'internautes incrédules, avec plus de 90.000 pages sur le sujet. Les Romains prennent très au sérieux la prédiction.
Source : RAI